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Pourquoi les retraites agricoles sont-elles si faibles et basses ?

Un agriculteur ayant effectué une carrière complète touche en moyenne une retraite d’à peine 800 euros par mois selon la Mutualité sociale agricole – la sécurité sociale des agriculteurs – contre environ 1500 euros pour l’ensemble des retraités français. Une différence énorme qui explique entre autres les revendications en faveur d’un meilleur pouvoir d’achat des travailleurs non-salariés agricoles à l’heure de la tenue à Paris du salon de l’agriculture, vitrine annuelle du monde agricole.

Pourquoi les retraites agricoles sont-elles si basses ?

Comment est calculée la retraite des agriculteurs ?

Les non-salariés agricoles (NSA), qui regroupent les chefs d’exploitations agricoles, leurs collaborateurs ou leurs aidants familiaux, dépendent d’un régime différent des autres salariés ou indépendants en matière de retraite. La retraite des NSA est en effet gérée par la Mutualité sociale agricole (MSA), et non par l’Assurance retraite comme pour les salariés du privé et maintenant les autres indépendants. Au deuxième trimestre 2018, 1,4 million de personnes relevaient du régime de retraite de base des NSA.

Les agriculteurs bénéficient de deux types de retraite : une retraite de base et une retraite complémentaire. La retraite de base est elle-même composée d’une retraite dite forfaitaire (concerne les NSA qui exercent exclusivement une activité agricole) calculée en fonction de leur durée d’exercice, et d’une retraite proportionnelle, aussi appelée par points. Cette dernière varie selon le statut de l’agriculteur. S’il est chef d'exploitation, les points varient selon ses revenus professionnels. S’il s’agit d’un aidant familial ou d’un collaborateur, le nombre de points permettant de calculer les cotisations retraite est fixé à 16. La retraite complémentaire obligatoire des agriculteurs (RCO) est aussi basée sur un système de points qui ont une certaine valeur et qui déterminent le montant de la pension à l’heure de la retraite.

Un niveau de retraite bien souvent en dessous du seuil de pauvreté

Selon la MSA, début 2018, la pension de retraite moyenne des agriculteurs ayant validé tous leurs trimestres (150) se situait autour de 760 euros au titre de leur retraite de base et de 870 euros en comptant leur retraite complémentaire. Des montants bien en dessous du niveau moyen de l’ensemble des retraités français (aux alentours de 1500 euros mensuels) et tout juste équivalent au seuil de pauvreté. Dit autrement, les pensions de retraite des NSA représentent en moyenne 75 % d’un smic. Et encore, il s’agit d’une moyenne. De nombreux agriculteurs et agricultrices doivent vivre avec une retraite dont le montant se situe bien en dessous du seuil de pauvreté.

Ces pensions de retraite dérisoires par rapport à la vie souvent difficile des agriculteurs qui travaillent tous les jours de l’année sans prendre beaucoup de repos sont en partie dues à leurs faibles revenus tout au long de leur vie professionnelle. Des revenus qui peuvent fluctuer selon les saisons, mais aussi en raison des prix de vente de leurs productions très souvent fixés et imposés par la grande distribution.

Pour certains agriculteurs, les faibles ressources fournies par leur travail trouvent aussi leur source dans la politique agricole commune (PAC) mal adaptée aux réalités, qui détermine notamment un cadre budgétaire et d’actions au niveau européen pour le secteur de l’agriculture, et qui fixe surtout des politiques qui doivent permettre de répondre aux défis auxquels les agriculteurs sont confrontés, autant dans la pratique de leur activité que par rapport à leurs revenus.

Des problématiques qui ont forcément des incidences sur le pouvoir d’achat des retraités du monde agricole et qui n’ont pas manqué d’être abordés par les agriculteurs lors de la récente visite d’Emmanuel Macron au salon de l’agriculture. D’autant que le gouvernement a décidé de repousser en 2020 la revalorisation des retraites des agriculteurs qui devait permettre aux pensions d’atteindre 85 % du smic, alors que cette mesure a été votée par l’Assemblée sous le précédent quinquennat.

Par Nathalie Guellier - Publié le 28/02/2019

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