Vous êtes ici : L'actualité avec Le Mag du Senior > Actualités des seniors > Personnel des Ehpad au bord de la rupture : comment en est-on arrivé là ?

Personnel des Ehpad au bord de la rupture : comment en est-on arrivé là ?

Une grande majorité des personnels des établissements d’hébergement pour personnes âgés dépendantes (Ehpad) a fait grève le 30 janvier dernier et est descendue dans la rue pour alerter et mettre au grand jour les conditions de travail dégradées et l'épuisement que ces salariés connaissent. Pourquoi un tel malaise des personnels de ces établissements ?

Personnel des Ehpad au bord de la rupture

Un personnel sous pression

Environ 400 000 personnes sont salariées dans l’un des 7 200 Ehpad, publics et privés, qui accueillent au total 600 000 personnes âgées dépendantes. Pour effectuer dans les meilleures conditions possibles leurs missions de soins et d’écoute auprès des personnes en perte d’autonomie, un Ehpad devrait compter un personnel pour une personne âgée en perte d’autonomie. Ce ratio est de 0,6 pour 1 actuellement, entraînant un malaise et un mal-être au travail des personnels des Ehpad, des personnels de direction à ceux chargés des soins ou de l’entretien et de l’hygiène.

Compte tenu de cette pénurie de personnel, il leur est souvent difficile de prendre leurs congés, le nombre de leurs heures supplémentaires explose, etc. Autant de mauvaises conditions de travail qui mènent un certain nombre de ces agents au burn-out. Selon les syndicats de la santé CGT, CFDT, FO, Sud, Unsa, CFTC et CFE-CGC, il manque 200 000 postes dans ces établissements pour assurer un travail correct auprès des personnes âgées. Or, l’enveloppe de 50 millions d’euros proposée par le gouvernement permet de créer seulement 2 500 postes.

La pénurie actuelle d’agents dans les Ehpad a autant de conséquences négatives sur le personnel lui-même que sur les résidents. Pour le personnel, ce manque d’effectif se traduit par des journées à horaires souvent flexibles où chaque agent court d’une personne âgée à l’autre sans pouvoir prendre du temps avec chacune d’entre elles que ce soit pour les soins, pour la toilette ou pour discuter. Pour les résidents des Ehpad, ces sous-effectifs entraînent par exemple le fait d’être douché seulement une fois tous les 15 jours, de ne pas être toiletté et habillé pour pouvoir participer aux ateliers proposés par les établissements, etc.

Le mal-être des personnels des Ehpad se traduit dans les chiffres : les arrêts de travail de ces salariés sont deux fois plus nombreux que la moyenne nationale et les accidents du travail sont en hausse.

Une déshumanisation des soins

Le manque de moyens et de personnels dans les Ehpad entraîne notamment des cadences infernales pour les salariés. Alors qu’il faudrait 45 minutes pour faire la toilette d’une personne âgée par exemple, au maximum 15 minutes sont allouées au personnel pour effectuer cette tâche ô combien importante pour que le résident, qui a perdu son autonomie, puisse d’une part garder sa dignité et, d’autre part, continuer à pouvoir participer à la vie sociale (recevoir des visites dans les meilleures conditions, suivre les ateliers proposés par les Ehpad, participer aux sorties, etc.).

Les personnels des Ehpad ne sont plus satisfaits de la manière dont ils travaillent. Leurs conditions dégradées ne correspondent plus à leur motivation première de garantir aux aînés, qui arrivent dans ces établissements le plus souvent à un âge avancé et souvent grabataires, des conditions de vie dignes et un environnement social acceptable. D’ailleurs, les salariés des Ehpad qualifient souvent leur travail de maltraitance à l’égard des résidents, malgré leur envie de bien faire auprès des personnes âgées qui en ont le plus besoin. Mais comment assurer ces missions difficiles quand à la base on manque de draps, de protections hygiéniques et de bien d’autres matériels pour assurer le bien-être des résidents ?

Par Nathalie Guellier - Publié le 06/02/2018

Partager cette page sur les réseaux sociaux

Autres actualités à découvrir